Les objets connectés : vers de nouveaux modes de soin au service des personnes âgées ?

11-01-2023

Le vieillissement de la population est un véritable enjeu de société. Il y aura dans quelques années plus de personnes dans le monde de plus de 65 ans que de moins de 5 ans. Ce phénomène durable oblige à repenser la prise en charge de la vieillesse, et trouver de nouvelles solutions aux problèmes qui lui sont liés. Entre autres, pouvoir garantir à une part grandissante de la population la possibilité de vieillir chez soi, comme beaucoup le souhaitent, est une priorité. L’assistante technologique rendue possible grâce aux objets connectés offre des solutions à ce défi de taille ; Maviesifacile.com vous en dit plus à ce sujet

Les objets connectés, qu’est-ce que c’est ?

Le principe en quelques mots

Beaucoup d’entre nous ont le désir de vieillir à domicile, d’y rester le plus longtemps possible et d’y préserver leur autonomie. L’assistance technologique promet de répondre à ce souhait, tout particulièrement grâce à une variété d’objets intelligents connectés qui voient aujourd’hui le jour. Ce développement fait partie de celui de « l’Internet des objets », qui traduit l’expansion d’Internet aux choses physiques, au-delà du monde virtuel.

Ce développement technologique permet aux objets d’interagir entre eux grâce à un logiciel fonctionnant dans le cloud, une technologie permettant le stockage de données. Ils sont capables d’analyser des informations, des situations particulières et élaborer une réponse adaptée. Ces appareils agissent comme des capteurs, détectant ce qui se passe dans leur environnement et, en particulier, ce qui arrive aux personnes âgées.

De nombreuses mises en pratique destinées aux personnes âgées

Les objets connectés développés à destination des personnes âgées sont nombreux. Par exemple, certains sont capables de contrôler le chauffage d’une pièce en analysant sa température, d’autres gèrent la fermeture et l’ouverture des fenêtres et des portes, tandis que d’autres rappellent aux personnes âgées de prendre leurs médicaments, ou les encouragent à faire du sport. L’intérêt de ces objets connectés est que les données qu’ils collectent dans la maison peuvent être utilisées pour établir une évaluation générale des « conditions de vie ». Ces observations permettent d’alerter ceux qui vivent dans la maison, leur famille ou leurs aide-soignants en cas de variations contrastant avec les données habituellement enregistrées.

Des concepts domotiques très innovants ont donc vu le jour ces dernières années, afin de répondre à des problèmes courants chez nos aînés. Parmi eux :

Une montre Anti-alzheimer

Équipée d’un GPS afin d’indiquer à celui qui la porte une zone de sécurité, paramétrée pour envoyer une notification à ses proches s’il venait à s’en éloigner.

Une ceinture anti-fracture

Munie de capteurs 3D, cette ceinture connectée ne détecte pas seulement les chutes pour les signaler immédiatement, mais protège également la personne qui la porte grâce à des airbags réduisant le risque de fracture de la hanche. Ce type de blessure est très courante chez les personnes âgées, et réduit leur autonomie de façon dramatique.

Un gobelet anti-déshydratation

Après son adoption et son succès en EPHAD, ce gobelet connecté sera bientôt proposé aux particuliers. D’aspect totalement normal, ce verre équipé de capteurs est capable de renvoyer les informations relatives à l’hydratation de son utilisateur afin de s’assurer qu’il boive en quantité suffisante. Par ailleurs, le gobelet est équipé d’un signal lumineux afin de rappeler aux personnes âgées de s’hydrater durant la journée, ce que beaucoup ont tendance à oublier.

Une lampe anti-chute

Cette lampe équipée de détecteurs de mouvements intégrés permet d’éclairer progressivement le chemin d’une personne âgée la nuit, par exemple de sa chambre à la salle de bain. Si une chute à lieu, elle envoie automatiquement une notification à plusieurs personnes désignées à l’avance (ami, voisin, famille) afin que la chute soit prise en charge le plus rapidement possible.

Un système de téléassistance nouvelle génération

S’ils sont astucieux, les objets connectés de téléassistances tels que les médaillons ou les bracelets sont assez contraignants, car ils obligent la personne âgée à les porter sur soi en permanence. Il existe cependant des systèmes de téléalarme capables de détecter chutes et malaises uniquement grâce à des détecteurs de mouvements installés dans le domicile, sans caméra ni appareil photo, afin de ne pas gêner l’intimité.

Quels sont les freins à l’adoption des objets connectés ?

Malgré tous les effets positifs de ces appareils sur l’autonomie des personnes âgées, quelques hésitations demeurent, ce qui bride encore le potentiel de ces nouvelles technologies.

Le principal défi est l’acceptation des objets connectés par les personnes âgées elles-mêmes. Certaines émettent des réserves sur ces outils d’analyse, qu’elles assimilent plus à des technologies de surveillance potentiellement dangereuses pour leur intimité qu’à des appareils bienveillants assurant leur sécurité. Elles peuvent aussi refuser d’y avoir recours en craignant que l’utilisation de cette technologie soit un symbole public de leur âge et de leur infirmité. D’autre part, elles peuvent craindre de ne pas bien savoir comment utiliser cette technologie : elles peuvent notamment avoir peur d’activer de fausses alarmes. Le prix de ces appareils peut aussi s’avérer dissuasif : peu abordables, ils peuvent parfois paraître trop futiles pour justifier une telle dépense.

Au-delà de leur acceptation par les seniors, les objets connectés sont aussi limités par leur nature même. Leur efficacité finale dépend de la volonté de la personne qu’ils assistent à suivre leurs recommandations : rappeler à quelqu’un qu’il n’a pas pris son médicament est parfaitement inutile si cette personne a tout simplement décidé qu’elle ne veut pas le prendre. Ils ne représentent donc qu’une partie de la solution à apporter, un soutien utile, mais non suffisant à une prise en charge complète de la perte d’autonomie, qui ne saurait se passer de l’intervention humaine de professionnels ou de proches veillant à ce que tout se passe effectivement bien.

Comment réaliser le potentiel des objets connectés appliqué à l’aide à l’autonomie ?

Les objets connectés ont encore du chemin à parcourir avant d’être un élément à part entière de la prise en charge du vieillissement. Deux défis de taille sont à relever : convaincre qu’ils protègent plus qu’ils ne surveillent, et réussir une intégration de ces objets dans le quotidien de la personne les utilisant.

Cela passe d’abord par la garantie que les données personnelles soient réellement protégées, qu’elles ne puissent être transmises sans autorisation ou utilisées à des fins malintentionnées par des acteurs extérieurs. Rassurer les utilisateurs passe d’abord par la favorisation de leur compréhension des outils qu’on leur propose : réduire le caractère étranger de la technologie d’aide à l’autonomie permet de lui faire plus confiance, et de faire diminuer le sentiment d’être surveillé.

Plus simple à mettre en œuvre, travailler sur leur aspect esthétique et leur ergonomie faciliterait également leur adoption. Le produit doit être pensé pour les personnes âgées dans son fonctionnement, jusque dans sa publicité : son design, ses fonctionnalités et son marketing doivent être adaptés à un public âgé. Réaliser cet objet passe par la co-création de ces outils avec les seniors eux-mêmes et les professionnels de santé, afin d’intégrer le ressenti des utilisateurs au processus de création de ces technologies. Obtenir une participation humaine au moment de la présentation de ces technologies (conseil du médecin, explications de leur fonctionnement) garantirait une adoption plus rapide et durable.

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